jeudi, décembre 15, 2005

Pintades


- Tu veux une galette ? J’ai fait des galettes pour mes pintades*…
- Oh oui ! Une galette ! Merci, Mamy ! Et puis j’y vais. J’ai dormi plus d’une heure et demi et j’ai encore plein de trucs à faire.
- On te voit bientôt ?
- Bien sûr Mamy… Amusez-vous bien cet après-midi !
- Oh tu sais, on va juste « retourner toute la ville » ! Hihihi...


*Pintade : n.f. – poule pintade 1643 ; pintarde 1637 ; port. pintada « tachetée », de pintar « peindre ». Petite vieille de plus de septante ans, partageant avec d’autres petites vieilles de plus de septante ans le goût du caquetage, des tartes, galettes et autres gâteaux, des bières fortes et des faits divers. La pintade retrouve ses semblables à intervalles réguliers, afin d’affiner caquetages et gloussements en tous genres, et de faire le point sur l’Etat Civil de la cité et autres nouvelles de premier ordre.

mercredi, décembre 14, 2005

Je vous emmerde... (profond)

Envie d’adresser un gros « Je vous emmerde » profond et collectif aux bien-pensants et metteurs en garde coincés du cul en tous genres, aux empêcheurs d’être heureux en rond et aux essayeurs de mise de sourires en berne, aux faux-culs compatissants et aux caresseurs dans le sens du poil qu’ont pas l’air d’y toucher mais qui feraient mieux. Un gros nœud au-dessus du sac de jute et une mise en rotation extra-terrestre. Pour résumer, comme dirait l’autre, si on mettait les cons sur orbite, j’en connais quelques-uns qui n’ont pas fini de tourner…

Voilà, ça c’est fait. Le reste, tout le reste, je le garde pour moi aujourd’hui, et mes mots les plus doux, pour lui.

lundi, décembre 12, 2005

Wicked witched of the West la Gnoute


Hier j'ai été serré au point de ne plus pouvoir rien dire. Ne plus croiser ni mes pensées ni son regard. Les farfalles fument sur l'appui de fenêtre et il y a du bruit dans la cour. Des morceaux de l'immeuble qui tombent tout en bas. Je sortirai et les buterai s'ils font encore du bruit tout à l'heure, quand il aura envie de se reposer. Un putain de retour en métro, il faut que je lance mon esprit loin pour ne pas exploser, ou que j'enfouisse ma tête dans ses bras en respirant fort. Je l'aime tellement que j'ai eu peur, d'être loin ou de ne plus pouvoir lui prendre la main. Peur de ne plus l'aimer, d'un coup de baguette de la méchante sorcière de l'Ouest, toute verte et toute mauvaise avec son nez de gnoute qui s'est pris un dirigeable dans la figure. Osez, osez Joséphine. Une énorme grue jaune tourne devant moi quand je t'écris, et je me demande comment il se fait que je pense si souvent à lui. Pendant un quart de demi paire de seconde, j'ai envie de partir. Voir si je pourrais continuer normalement. Foutaise de sa mère. Alors je veux rester. On ne peut pas se lâcher, d'ailleurs. Comme si, quand on est ensemble, on avait besoin d'être prolongés un peu. Juste faire hennir les chevaux du plaisir. Je pense "nous" et ça me file un frisson de dragon. Encadrer les kirikous et, de mes yeux, manger les siens. Et que ne durent que les moments doux.

Quant à celle-là et sa face oblongue, je lui fais manger sa baguette.

Vite.

vendredi, décembre 09, 2005

Plouf

Jeudi, 14.00. Un train encore. L'iPod de "Pti Koala" sur moi. Je plonge dans ses musiques, un peu comme si je glissais dans son monde. Attendre ses yeux entre Damien Rice et Debussy. Feist et Joss Stone. Ses mains. Son monde m'émeut. Le simili vert des banquettes se change en ouate. Ses fesses. Morcheeba et Keren Ann. J'ai envie de lui. Je veux retrouver son corps. Chacun de mes pores réclame le sel des siens. C'est urgent.

Aujourd'hui, c'est moi qui ai fixé le lieu de rendez-vous. Un square petit comme un ticket de métro, dix brins d'herbe où les doutes font plouf...

lundi, décembre 05, 2005

Super Pop et toile cirée


7.40. Madonna, Super Pop, dans le train. Pour un de ses cours, un étudiant interroge une étudiante sur les raisons qui l’ont poussée à exhiber un affreux sac à l’effigie de Guevara. Je sens bien qu’il va la ridiculiser en un tournemain. Elle a l’air mal à l’aise, d’entrée de jeu. L’unique réponse qu’elle fournit à la foule de questions du garçon est : « Ben c’est un mythe, en fait… » ou encore, cette analyse inter-pelante et pleine d’à-propos : « Ben je sais pas moi… C’est un mythe, en fait… » Je me marre franchement, au risque de m’attirer les œillades assassines de l’interrogée et de ses petites copines futures institutrices, et me refourre Madonna-la-bitch dans les oreilles. Envie de me lever, de danser et de faire bouger mon cul en rythme dans les allées du train qui fait la gueule.

15.40. La journée a passé comme un pet sur une toile cirée. Je n’ai rien vu venir. Même train, sens inverse. « Monsieur M., remontez vite en classe, votre inspectrice arrive ! Elle doit déjà être dans l’escalier, d’ailleurs ! » Comme il se doit en pareil cas, mon sang ne fait qu’un tour et je réfrène une colique subite. Je repense instantanément à mon bureau situé une volée d’escaliers plus haut, et me dis qu’elle le découvrira avant moi. Aujourd’hui, il ressemble à un fatras d’archiviste en fin de carrière, et qui écrit encore tout sur des fiches. Mon cours de seconde épars, son écharpe bariolée, des pépitos évidemment, un vague cours de première, des dossiers administratifs pour ma petite sauterie italienne et un tas de brols hétéroclite. Habillé en lui, je reçois ladite inspectrice, l’écharpe à portée de main. Elle ne s’est pas annoncée. Je trouve que c’eût été la moindre des choses… C’est que chacun doit avoir une idée différente de ce qu’est «la moindre des choses»… Souriante, elle s’excuse de me déranger et se veut rassurante. Encore un peu et elle va me lâcher qu’elle est là de manière purement fortuite et qu’elle ne s’est même pas rendu compte, le matin au volant de sa voiture, que celle-ci la conduisait malgré elle dans mon bahut ! Je la fais rentrer et lui désigne le petit banc et la plus petite chaise de la classe. Elle est toute petite, du coup, et je suis tout grand, puisque je m’assois sur le bureau, ce qui a peut-être le pouvoir de lui faire grincer des dents, mais je m’en tape. Je me balade dans la classe avec mon grand pull et ma grande capuche de lutin des bosquets… Très vite, les p’tits potes et moi oublions sa présence. Verdict global : je sais donner cours. Puisque j’attendais sa venue pour le savoir, me voici soulagé ! Elle trouve mon propos très clair et ma diction parfaite. En gros, j’articule et je ne dis pas trop de conneries. Elle me demande depuis quand je fais ce métier. «Onzième rentrée.» Là, elle a l’air plutôt surprise. Je n’aurais peut-être pas dû enfiler ce pantalon Vivienne Westwood bordeau et cette paire de baskets improbables… Elle part, je souffle. J’ai envie de ses bras, tout de suite, et je lui écris. Je me pointe aux nouvelles chez la préfète, qui m’offre son divan et des pralines…

Je vois ses mains. Je veux être là pour lui. «Etre là pour quelqu’un». Putain, je ne me reconnais pas et c’est bon de sa mère ! Bousculer sa vie et la mienne.

Dans ma ville, ils ont emballé les bites de la Grand-Place avec du jute et des nœuds rouges prétentieux. C’est ridicule.

Et je l’aime.