dimanche, juin 25, 2006

Il a saigné sur mon épaule. Pas beaucoup. Une goutte, alors qu’il me serrait fort contre lui. Je la regarde maintenant sur la laine grise. J’ai l’estomac noué et je pleure sans m’arrêter. Je suis vide. Sans lui, je suis vide. Je veux dire avec lui loin. Pour nos dernières heures à deux devant l’église, il a tonné sa mère. J’ai tremblé en me réveillant, comme d’habitude. Alors il a mis sa main sur mon bras et j’ai respiré normalement.

Je n'ai plus de mots. Je l'aime.

samedi, juin 10, 2006

Jacqueline (5)


Ma chère Jacqueline,

Je ne sais pas à qui m'adresser ni comment faire pour que mes mots te parviennent encore. Te dire juste que je voudrais encore renverser les motos avec toi, puis retourner les tableaux, la mer en l'air, et l'air en bas, quand ils ne nous plaisent pas... Je voudrais te montrer que je réussis mes rillettes, puis te présenter l'homme que j'aime, griller du poisson dans ta cheminée, et le manger sur la petite table. Puis, aussi, s'il y a moyen, faut que tu m'emmènes en Sicile, là où tu dis que c'est beau. Là où t'as dit que tu m'emmènerais, dans deux-trois ans. Je veux te faire écouter des trucs de Brigitte Fontaine que tu aimeras, puis manger du cochon grillé devant le Mont-Saint-Michel. Et puis j'essaierai de faire un effort pour l'écraser quand tu voudras une nouvelle fois m'emmener voir les manuscrits de l'abbaye du Mont.

On m'a téléphoné hier pour me dire que tu étais "morte ce matin". Seulement, ce mot là ne va pas avec toi, puisque tu es si vivante. J'ai du mal à croire ça, tu penses... Alors, depuis hier, j'arrête pas de te voir en filigrane, c'est fou. Et en même temps, je sens comme un vide. Un vide énorme. Alors j'ai peur que ce soit vrai.

Si tu m'as mis des "Monde 2" de côté, je passerai les prendre, bientôt. Et je jouerai de l'accordéon dans le jardin, comme tu aimes.

Je t'embrasse si fort.

vendredi, juin 09, 2006

Envie de meurtre (3)


Il dit qu'on est tout proche et moi, j'ai juste envie de tuer le Thalys 9347, de le débiter à la scie électrique et d'en faire du petit bois pour les feux à métaux des habitants d'une planète lointaine, où on se chaufferait avec tous les trains qui nous éloignent l'un de l'autre à grande vitesse...

jeudi, juin 01, 2006

Autre envie de meurtre


14°C dans ma classe au plus chaud de la journée. De quoi avoir envie de se retordre la patte juste pour la voir derrière soi, cette année scolaire à la prends-moi-le-chou-pour-pas-un-balle.

J'ai bien aimé faire de la musique avec lui. Je crois que ça se voit, sur les photos. Il transpire derrière la contrebasse. On ne sait pas trop où on va. Parfois, j'oublie dans quel morceau on est. C'est souvent tendu, dissonnant comme j'aime. J-F, un vieux suisse ronchon au regard aussi alerte qu'une vache du même pays me happe, et me conseille de choisir un contrebassiste plutôt qu'un charcutier pour faire de la musique. Contrairement à la Madone à la dentelle d'hier, il me donne réellement envie de l'encadrer pour de bon, de lui noyer la tronche dans le Styx avec sa guitare toute propre d'accords tout propres dans la gueule, en guise de droit de passage. Je me contiens, et je sens mon visage virer au cramoisi.

J'aime assez Embryons desséchés, pièce pour piano de Satie.