vendredi, mai 12, 2006

Câpres

J’ai mangé ce soir dans un truc tout propre, plein d’étoiles au Michelin, mais ça je m’en fous. Je m’en fous parce que ça ne leur a pas empêché de me servir des câpres, avec je ne sais plus quel poisson au beurre blanc (de la raie, voilà : raie cuite au beurre salé, mousseline de pommes de terre aux truffes, câpres et gelée tiède au vinaigre de vin vieux, émulsion de noisettes et citron, qu’il dit le menu). D’ailleurs, il y a trois fois plus de mots dans le menu qu’il y a de centimètres carrés de nourriture dans mon assiette. Je déteste les câpres. Hémorroïdes de martiens puants. Pour moi, c’est une aberration de la cuisine. Un truc vert que je ne donnerais même pas à un chat galeux.

Alors j’ai bouffé tout ce qu’il y avait sous les câpres, les mettant un à un sur le côté. Puis, j’ai dessiné un cœur avec, l’air très détaché. Un grand cœur vert au milieu d’une grande assiette blanche très pompeuse. La serveuse m’a fait du baratin, feignant de croire qu’il lui était adressé. Et moi j’étais ailleurs. Je riais et j’étais ailleurs. J’ai fait mon petit show. Tout le monde riait. Les serveurs, et mon papa, et ma petite sœur, et ma belle-mère pas encore saoule… Tout le monde riait avec moi. Ils ont même pris une photo de l’assiette en cuisine. Mais moi, c’est lui que j’avais en tête, le cœur prêt à exploser. Comment peut-on rire et faire rire tout le monde et pleurer en même temps, juste derrière ?

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Oh j'y crois pas !

Retrouvé Cri...

Quelle surprise, quelle bonheur de relire tes mots... :-)

Biz'

sam. mai 13, 01:02:00 AM  

Enregistrer un commentaire

<< Home