samedi, juin 10, 2006

Jacqueline (5)


Ma chère Jacqueline,

Je ne sais pas à qui m'adresser ni comment faire pour que mes mots te parviennent encore. Te dire juste que je voudrais encore renverser les motos avec toi, puis retourner les tableaux, la mer en l'air, et l'air en bas, quand ils ne nous plaisent pas... Je voudrais te montrer que je réussis mes rillettes, puis te présenter l'homme que j'aime, griller du poisson dans ta cheminée, et le manger sur la petite table. Puis, aussi, s'il y a moyen, faut que tu m'emmènes en Sicile, là où tu dis que c'est beau. Là où t'as dit que tu m'emmènerais, dans deux-trois ans. Je veux te faire écouter des trucs de Brigitte Fontaine que tu aimeras, puis manger du cochon grillé devant le Mont-Saint-Michel. Et puis j'essaierai de faire un effort pour l'écraser quand tu voudras une nouvelle fois m'emmener voir les manuscrits de l'abbaye du Mont.

On m'a téléphoné hier pour me dire que tu étais "morte ce matin". Seulement, ce mot là ne va pas avec toi, puisque tu es si vivante. J'ai du mal à croire ça, tu penses... Alors, depuis hier, j'arrête pas de te voir en filigrane, c'est fou. Et en même temps, je sens comme un vide. Un vide énorme. Alors j'ai peur que ce soit vrai.

Si tu m'as mis des "Monde 2" de côté, je passerai les prendre, bientôt. Et je jouerai de l'accordéon dans le jardin, comme tu aimes.

Je t'embrasse si fort.

4 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Tu l'aimais... Ne disparaissent vraiment que ceux que l'on oublie au bout du temps... Bisous mon Cri, à bien vite...

lun. juin 12, 05:48:00 PM  
Anonymous Anonyme said...

si triste pour toi, j'ai envie de te serrer dans mes bras... Promis je le ferais tres vite, plus vite que tu ne le pense... Et je te regarderai et écouterai jouer avec Jacqueline

A bientot, parain !

mer. juin 21, 04:41:00 AM  
Anonymous Anonyme said...

Sincèrement navré...
le temps des souvenirs sur un air d'accordéon, un visage dessiné derrière les paupières closes.
Tu gardes un peu d'elle en toi et tu sais qu'elle aurait aimé ça.

mer. juin 21, 08:42:00 PM  
Anonymous Anonyme said...

C'est un peu tard, mais je ne découvre ton blog qu'aujourd'hui.

J'avoue que je n'ose à peine répondre à ce message émouvant et intime. Mes conseils seront probablement vains car l'intelligence n'a pas l'air de te manquer.
Sartre disait que notre existence se définissait grâce à nos actions. Alors garde ses actions en mémoire, ne les oublie jamais, et elle sera toujours là, toute son existence sera avec toi.
Je trouve assez étrange la froideur avec laquelle on t'a annoncé ce genre de nouvelle : la dureté de la vie ne doit pas pour autant nous rendre dur dans notre rapport à l'autre, d'autant plus pour ce genre de nouvelles bouleversantes. Enfin, je ne vais pas jouer au moraliste maintenant, ce n'est ni l'endroit ni le moment.

Bien cordialement,

Rouille

mar. avr. 17, 06:56:00 PM  

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