dimanche, novembre 05, 2006

Où il est question d'une tombe et de trois noix

Je suis seul dans notre maison au grand jardin, loin de la ville. J’ai mis le chauffage, téléphoné aux gens que j’aime. Mail d’I. Je retrouve la sensation de lire ses mots et de pouvoir y répondre dans la foulée, et ça me rappelle un peu là-bas...

Il a débarqué du train hier soir avec son bonnet et ses boucles juste dessous. Il avait le sourire des quais de gares. Ceux des retrouvailles, pas les autres.

Mamy parle de la Normandie. Je sens bien qu’il n’y a que là qu’elle vit vraiment les choses à fond. Ils ont eu de la visite, tout le temps. Elle a trouvé la tombe de Jacqueline, un petit tas de terre dans un coin de cimetière. « Il y avait trois noix dessus », me dit-elle. Et je cligne des yeux très fort pour faire s’enfuir la nostalgie et dans ma tête, elle n’a jamais été aussi vivante.

L’église n’a pas bougé. Quelqu’un d’autre a emménagé dans son appartement. On va voir l’étiquette sur la boîte aux lettres. Il s’appelle O. Et l’église paraît blanche au milieu de la place. Bratislava sourit en nous revoyant là, assis à deux mètres du zinc. Je souris aussi. Il est près de moi.

Tu ne mesures pas le bonheur que j’ai de me réveiller dans sa chaleur.

C’est dimanche. Je suis seul devant ma japonaise. Tout est bien.