lundi, octobre 23, 2006

Pillage

Samedi, je revenais de la ville. Trois jeunes se sont approchés de moi, l'un a fait mine de jouer avec moi, comme s'il voulait m'enlever une balle de foot coincée entre les jambes.

Je suis naïf, j'ai cru qu'il jouait. Puis je suis rentré à la maison et mes poches étaient vides.

Il est parti avec mon téléphone, mais ça je m'en fous. Il est parti avec les messages de lui, une poignées de mots noirs sur un écran gris. Et rien que pour ça, je lui défoncerais les yeux.

Je file

Verre de Paris

Je n'ai rien à dire. Je descends de notre quatrième étage. Les rues de Saint-Gilles sentent la pluie.

Je monte faire les courses, bêtement. Des légumes, puis du vin et du yaourt. Je passe devant un de ces cybers qui sont aussi des centres de téléphone. Il y en a plein ici. Une dame est assise, parle à quelqu'un. Elle n'a rien d'extraordinaire dans sa veste en jean bleu. Elle a déposé son parapluie à côté d'elle et regarde dans le vide. Je ne voulais pas entrer ici. Mais je me demande qui est de l'autre côté du fil, quel pays elle appelle. Alors je veux prendre l'avion. Etre loin. Et je rentre te l'écrire.

Là où j'habite, il n'y a pas le net. Je griffonne des mots sur des bouts de papiers un peu partout, et tout reste là. Tu me manques, alors je suis rentré.

Ma vie a changé. Je suis bien. Même si hier j'ai cassé un verre. Un des quatre rescapés qui lui rappellent Paris. Je lui en trouverai d'autres, cette semaine, c'est promis. Je lui ai dit qu'on enfermerait ceux-ci pour qu'à chaque fois qu'il les regarde, il voie l'église de l'autre côté de la place.

La semaine prochaine, nous y serons. Paris.

Dieu de Dieu, je l'aime à m'en faire exploser la poitrine.