dimanche, avril 23, 2006

C'est con un dimanche sur une jambe


Mes cheveux poussent. Aujourd’hui, j’ai une coiffure de bébé d’un autre temps, qui boucle sur les côtés. J’ai vu ça lors de ma dernière expédition-pipi, en tournant la tête vers le miroir.

Linda Ronstadt a mal vieilli. Et puis, on ne mélange pas les Isabelles et les Irènes, s’il vous plaît.

Je déteste les donneurs de conseils, et quand c’est moi qui en donne, je sens bien que je ne devrais pas.

Je ne peux même pas courir dans le jardin et j’ai un peu mal à la tête. Aujourd’hui, c’est Frozzie sur mes chaussettes. Au-dessus du plâtre, on dirait Groquick. Je tourne en rond sur ma chaise. Dans une heure, je dois me piquer le ventre. Un truc dans la tête me dit que c’est pas normal de devoir se piquer le ventre soi-même alors j’ai froid aux mains.

Hier soir, j’ai fait un faux mouvement et un de mes bracelets verts a éclaté. Il y avait des perles partout.

J’ai lu des mots pas beaux que j’ai bien fait de lire. C’est con, mais ça me trotte dans la tête depuis deux jours. Comme ça, comme un truc insidieux.

Je savais que ça ne me réussirait pas, de donner de l’histoire.

samedi, avril 22, 2006

Nouvelles d'un immobile


On a mangé des terrines de lapin au foie gras, puis bu beaucoup, beaucoup, de clairette. On a vu la Bayadère à Bastille et j’ai eu les larmes aux yeux. Alors j’ai serré sa main. Yoko Ono file le frisson, et j’avais un peu le vertige quand je prenais conscience du vide qui nous séparait d’elle. C’est chouette, la cigarette sur la courtine, c’est comme si Paris était en dessous de toi. On a fait des choses dans la douche, et puis l’amour à la rivière. Il avait les yeux tout bleus, et le soleil juste dans son dos. Je gagne au Stratego et je me fais piler aux cartes. J’intègre les règles du tarot à la vitesse d’un bulot. Je revois des amis, hier soir. C’est haut mais c’est tellement bien. Le shirashi est meilleur chez copain et là j’ai envie d’un shirashi. Puis courir dans Paris avec lui, faire des cumulets au Luxembourg et lui offrir toutes les glaces de la terre. Juste devant moi, j’ai mis une photo de la petite église où on enterre plus qu’on marie. Il est 18h55 et la lune est ronde. On déjeune à coups d’hosannas au plus haut des cieux. Il me dit que c’est parce qu’on aère l’église après trop d’enterrements. Je ris. Me suis cassé la margoulette sur un escalier de pierre. Tomke est patient. Je suis parfois énervant, mais je suis aussi mobile que ma mamy sur un monocycle. A Die, trois femmes un peu fleur bleue font de moches desserts bio qui font bizarre dans la bouche. Le reste est bon mais ça fait un peu branlette culinaire végétalienne. Une des trois parle trop, et on mange un « festival de racines sur son lit vinaigré à la noix » qui ne sont en fait que de la betterave et du céleri. I. a l’air bête comme tout avec son sourire contrit. Puisque je suis un gros volcan ardent et qu’on ne change pas comme ça, je faillis l’empaler sur mon bic quand elle souffle des réponses à Tomke. Le Maire de Ch. est gras. Son humour aussi. Il mange beaucoup, et ne quitte pour ainsi dire jamais la table du buffet. Son discours est à se tordre et je manque de m’étouffer. Je ne sais pas si on retrouvera la tombe de la madame du cimetière protestant de Ch., pour la refleurir en été, quand les forsythias seront verts. Je goûte encore le miel du Café de l’Industrie. Je suis amoureux de lui. Et puis il a trouvé tout de suite comment faire avancer la tondeuse. Hier, je me suis piqué le bide pour la première fois. Trois trous dans l’eau pour un bon, et un bleu de sa mère. Mamy me dit que c’est normal, que je vais avoir le ventre tout coloré. Et puis on m’appellera Grognon, tiens. Je voudrais voir la mer sans tarder, puis trouver des cadres pour les triptyques. Un endroit pour nous à Bruxelles, avec des choses ramenées de loin. Puis dire merde au paternel. Lui foutre son resto où je pense. J’ai envie de m’étendre sur la pelouse tiède. Je peux exposer ma jambe droite sans craindre les coups de soleil. Le pied. J’écoute les sonates pour piano et violoncelle de Beethoven. Une dame de Cléry les a envoyées dans ma boîte aux lettres. Personne pour nous remplacer à l’école, ma collègue de français et moi. Plus de profs. Se sont tous lancés dans les assurances ou l’immobilier, faut croire… Je rentrerai, pour les examens. Tiens, tu es vide, ou quasiment. On s'est assis à Fontainebleau, puis on a joué aux gardes couillus. Et je suis heureux.