mardi, novembre 07, 2006

Catrouille

Je soigne mon vertige assis derrière la fenêtre qui donne sur le parc, au quatrième étage. Des garçons font des courses de relais sur les chemins autour de la pelouse. Je fais des pronostics.

Catrouille est partie. Elle m'emmerde à sauter sur le plancher du cinquième dès qu'elle entend une note de musique. Elle tourne comme une lionne en cage. Catrouille est rousse, anglaise et très laide. Elle n'en peut rien, bien sûr, mais comme elle n'est pas sympa, c'est comme si. Elle fait beaucoup de bruit la nuit, parfois. Et la journée elle écoute très fort les premières chansons ridicules de Florent Pagny. Je crois qu'elle est un peu folle. Et que la solitude, ça rend nerveux et ça déstabilise les neurones, à force. Je parle de solitude physique. Dans la tête, tout le monde est finalement seul, sans exception. Du moins, c'est ce qui me traverse l'esprit parfois.

Alors, j'ai un frisson.

dimanche, novembre 05, 2006

Mais qui donc me lit de là ?

Où il est question d'une tombe et de trois noix

Je suis seul dans notre maison au grand jardin, loin de la ville. J’ai mis le chauffage, téléphoné aux gens que j’aime. Mail d’I. Je retrouve la sensation de lire ses mots et de pouvoir y répondre dans la foulée, et ça me rappelle un peu là-bas...

Il a débarqué du train hier soir avec son bonnet et ses boucles juste dessous. Il avait le sourire des quais de gares. Ceux des retrouvailles, pas les autres.

Mamy parle de la Normandie. Je sens bien qu’il n’y a que là qu’elle vit vraiment les choses à fond. Ils ont eu de la visite, tout le temps. Elle a trouvé la tombe de Jacqueline, un petit tas de terre dans un coin de cimetière. « Il y avait trois noix dessus », me dit-elle. Et je cligne des yeux très fort pour faire s’enfuir la nostalgie et dans ma tête, elle n’a jamais été aussi vivante.

L’église n’a pas bougé. Quelqu’un d’autre a emménagé dans son appartement. On va voir l’étiquette sur la boîte aux lettres. Il s’appelle O. Et l’église paraît blanche au milieu de la place. Bratislava sourit en nous revoyant là, assis à deux mètres du zinc. Je souris aussi. Il est près de moi.

Tu ne mesures pas le bonheur que j’ai de me réveiller dans sa chaleur.

C’est dimanche. Je suis seul devant ma japonaise. Tout est bien.

Duel


30 octobre, 7.00 du matin. Je suis remonté au lit. Il est parti dans l’humidité avec ses affaires d’architecte sous le bras, et son gros manteau. Ce matin, on siffle tous les deux comme des trains agonisants.

Le volet n’est pas tout à fait baissé. Dehors, il y a de la brume comme dans Barry Lindon. Je vois le merisier du bout du jardin derrière une espèce de brouillard de fin de quelque chose. Deux hommes vont arriver pour le duel, l’un d’un côté du jardin, l’autre tout au fond.